Biographie de Pierre Richard
Pierre-Richard Maurice Léopold Defays est né le 16 août 1934 à Valenciennes, dans le Nord, où il passe son enfance et une partie de son adolescence. Un jour, vers l’âge de 18 ans, il sèche le lycée pour aller au cinéma et se planque au fond de la salle. Le film qui commence s’intitule Un fou s’en va-t-en guerre avec Danny Kaye. C’est le coup de foudre. « Quand j’ai découvert Danny Kaye, je me suis dit : « Ce sera le métier de ma vie ! ». Après son bac, il s’installe à Paris où il suit des cours d’Art dramatique au centre Dullin et chez Jean Vilar.
Il débute sous la direction d’Antoine Bourseiller, en jouant Strip-tease et En pleine mer, des pièces de Sławomir Mrożek, participe à un spectacle Baudelaire, et crée au Théâtre la Bruyère Les Caisses, qu’est-ce ? de Jean Bouchaud et Un parfum de Fleurs de James Saunders.
Mais le désir de s’exprimer plus librement, plus personnellement, le conduit vers le cabaret. « Le cabaret, dit-il, c’est une chose franche, honnête où le seul patron est le public. Si on le fait rire, il vous accepte. Sinon il vous rejette et il faut s’en aller ».
On le voit dans les boîtes du Quartier Latin, à L’Écluse, à la Galerie 55, à Bobino en première partie du spectacle de George Brassens où il donne les premiers sketchs qu’il compose lui-même avec Victor Lanoux (Les Gifles, Les Briques, La Chaîne…).
Au cours des années 1960, Pierre Richard participe également aux émissions télévisées de variétés de Jean Christophe Averty, Pierre Koralnik et Jacques Rozier.
Collaboration avec Yves Robert
Yves Robert le remarque et l’engage pour incarner dans Alexandre le bienheureux un paysan parachutiste quelque peu dérangé. Pierre Richard tourne ensuite La Coqueluche de Christian Paul Arrighi. Dans ce premier rôle principal au cinéma, le comédien montre déjà toute l’étendue de son élasticité gestuelle.
Yves Robert, qui a décelé les dons de créateur de son interprète, l’incite à écrire pour le cinéma. Pierre Richard pense aux Caractères de la Bruyère et, séduit par Ménalque le distrait, il travaille pendant un an avec son ami André Ruellan pour en tirer le scénario d’un film dont il va être à la fois l’auteur et l’interprète, mais aussi le réalisateur. C’est la formule qu’ont appliquée tous les grands comiques, de Charlie Chaplin à Jacques Tati. Et, comme eux, avec ce premier film, Pierre Richard crée d’emblée un personnage, ou mieux, un type de personnage qui l’impose.
L’expérience le passionne, non seulement parce qu’elle est une réussite, mais parce qu’elle lui révèle du métier de cinéaste.
On salue en lui ce phénomène rare : l’apparition d’un comique. Un second film lui fait confirmer la confiance que lui avait accordé Yves Robert en produisant Le Distrait : Les Malheurs d’Alfred. Ce film va encore plus loin dans le sens du caractère. C’est, cette fois, « Le naïf qui révèle les ridicules du monde où nous vivons ». Pierre Richard entend dépasser ainsi le seuil comique ; il refuse « le gag pour le gag ». « Le gag prolonge toujours mes personnages, explique-il, mais c’est par le personnage qu’il signifie, prend son sens et son poids. » Comédien, Pierre Richard sait l’être en mettant sa personnalité au service de son héros. Mais ce héros, il entend surtout le créer lui-même, l’animer.
Pierre Richard travaille de nouveau pour Yves Robert en interprétant Le Grand Blond avec une chaussure noire, violoniste inoffensif qui se trouve mêlé à une intrigue montée de toutes pièces. La notoriété du film lui permet de passer de comédien à star internationale. Il rencontre Mireille Darc pour la première fois lors des prises de vue de la fameuse scène de la robe. Le couple se retrouve trente ans plus tard (le 27 avril 2005) à l’occasion du tournage de Pierre Richard, l’Art du déséquilibre [voir un extrait].
Moins inoffensif mais toujours dans le registre de la comédie, Je sais rien, mais je dirai tout, qu’il écrit, réalise et interprète, lui permet de dénoncer certaines aberrations dues à une industrie galopante et complaisante : l’armement.
Dans les années 1970, il enchaîne en qualité de comédien des tournages avec les plus grands metteurs en scène de comédie comme Claude Zidi (La Moutarde me monte au nez, La Course à l’échalote), Yves Robert (Le Retour du Grand Blond), Georges Lautner (On aura tout vu), Francis Veber (Le Jouet) et Gérard Oury (La Carapate en 1978 et Le Coup du parapluie en 1980). On le voit également dans des œuvres de cinéastes atypiques comme Rémo Forlani (Juliette et Juliette, 1974), Marco Pico (Un nuage entre les dents, 1974), ou Jacques Rozier (Les Naufragés de l’île de la Tortue, 1976).
Les années 1980 verront sa collaboration fructueuse avec Francis Veber (La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs). Un nouveau concept apparaît, celui du couple qu’il forme avec Gérard Depardieu. Le distrait, le comique malgré lui devient alors plus sensible et poétique. « Mon parcours d’acteur de comédie, c’était d’en arriver là : à l’émotion qui permet de faire rire et pleurer ».
Cette émotion, Pierre Richard l’exalte en interprétant un personnage de roman, Mangeclous, faux avocat et médecin non diplômé dans le film de Moshé Mizrahi. Le comique visuel laisse alors le pas à « une espèce de Sganarelle du verbe ».
Un nouveau ton apparaît confirmé par son interprétation d’un auto-stoppeur énigmatique et manipulateur dans Bienvenue à bord ! de Jean-Louis Leconte, ou celle d’un inspecteur ami du personnage interprété par Michel Serrault dans Vieille Canaille de Gérard Jourd’hui.
En 1991, avec On peut toujours rêver, Pierre Richard, à nouveau auteur, réalisateur et interprète, donne toute la mesure de l’évolution de son personnage, sous les traits d’un magnat de l’industrie et de la haute finance. « C’est un rêveur qui aurait vieilli, un clown qui aurait perdu son maquillage ».